Les jeunes femmes qui aspiraient à devenir infirmières devaient provenir de «bonnes familles». Celles qui étaient trop pauvres étaient refusées, tout comme celles qui n’avaient pas de bonnes manières. «On portait beaucoup d’attention à la qualité des mœurs de ces jeunes filles», indique Karine Raynor. Des infirmières intendantes, puis des matrones se sont assurées du bon comportement de celles qui aspiraient à devenir infirmières. Pendant longtemps, ces femmes qui choisissaient le métier d’infirmière devaient être célibataires. Si elles se mariaient ou devenaient enceintes, elles devaient cesser de travailler dans les hôpitaux. «C’était très courageux de décider de devenir infirmière dans une société où une femme n’existait pas si elle n’avait pas de mari», ajoute Mme Raynor.
Au début, les infirmières qui travaillaient dans les hôpitaux anglophones montréalais s’adonnaient davantage à des tâches domestiques qu’à des soins médicaux. «Les infirmières n’avaient aucune autonomie, raconte la conservatrice du CUSM, Karine Raynor. Elles prenaient la température des patients. Elles servaient les repas. Elles faisaient les lits.» La réforme Nightingale, qui a eu pour effet, dans les années 1860, d’améliorer les conditions sanitaires dans lesquelles les patients étaient soignés, a été une première étape vers la professionnalisation des infirmières.
L’arrivée de Nora Livingston à l’Hôpital général de Montréal en 1890 a bouleversé l’enseignement des soins infirmiers dans la métropole. Elle a d’abord institué des normes de salubrité et elle a fait construire des résidences pour les infirmières. À l’origine, les étudiantes en soins infirmiers vivaient carrément à l’hôpital. «Les infirmières étaient 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 à l’hôpital, relate Mme Raynor. Elles étaient réparties dans les différentes unités où elles donnaient les soins.
Depuis l’ouverture des écoles de soins infirmiers dans les hôpitaux, les infirmières ont porté des uniformes. Ceux-ci déterminaient le stade auquel les infirmières étaient rendues dans leur formation et l’hôpital dans lequel elles étudiaient. À l’origine, les robes tombaient jusqu’au sol et les manches étaient bouffantes. Le corset était à l’époque obligatoire. Un tablier empesé et une coiffe complétaient l’uniforme. «Les femmes travaillaient de longues heures, souligne Karine Raynor. Leur travail était physique et elles faisaient toutes leurs tâches en portant leur corset.» Avec le temps, les manches se sont dégonflées et les jupes se sont raccourcies. Les corsets ont disparu à la suite de la Grande Guerre et, après la Deuxième Guerre mondiale, les manches courtes sont apparues. Une pénurie de tissu est à l’origine de la diminution de la longueur des manches. À la fin des années 1960, les infirmières portaient la jupe courte, comme la mode le prescrivait.
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